Amitié brisée - 1/1

Publié le par Sélène Alys

La chemise, la veste et la cravate étaient précautionneusement placés sur le dossier du canapé. Chadi fermait la braguette de son pantalon de costume lorsque Kenza entra dans le salon. Il lui sourit tout en la remontant.
Le saluant, elle le contourna pour aller se hisser sur la commode, derrière lui. Le tout sans parvenir à s’empêcher d’admirer son torse musclé, puis son dos puissant. Il lui tournait le dos, et elle pouvait suivre des yeux les contours parfaits de chacun des muscles roulant sous sa peau au rythme de ses mouvements. Il saisit sa chemise et l’enfila d’un geste souple, lui cachant cette superbe vue. Cela ramena à la réalité. Attrapant son sac, elle fouilla un instant dedans avant d’en sortir un jeu de clefs dans un cliquètement sonore.
-Je t’ai ramené ta voiture.
-Super.
Il saisit sa cravate et la passa autour de son cou, l’ajustant inutilement puisqu’il allait devoir recommencer une fois sa chemise boutonnée.
Elle posa les clefs sur la commode, juste à côté d’elle. Relevant les yeux sur Chadi – un ami de longue date – elle suivit des yeux la courbe de sa nuque, ne détournant le regard que lorsqu’elle réalisa ce qu’elle était en train de faire. Alors, le visage tourné vers le sol, les jambes battant les airs, elle se racla la gorge avant de parler :
-Chadi… il faut que tu  arrêtes ça.
Surpris, il se tourna vers elle, les mains sur le premier bouton de sa chemise. Comme elle s’y était attendue, sa cravate était déjà déplacée.
-Arrêter quoi ? demanda-t-il, visiblement surpris.
Le regard de Kenza descendit vers les abdos magnifiquement creusés de son ami et s’y accrochèrent plus longtemps qu’elle l’aurait voulu. Elle dû se forcer à faire remonter ses yeux vers son visage, vers ses lèvres parfaitement dessinées, sur son nez droit, jusqu’à se fixer sur ses yeux si sombres que, sous cette lumière, ils paraissaient totalement noirs. Elle adorait ça. Mais elle ne le lui avait jamais dit.
-Arrêter d’être aussi à l’aise avec moi, parvint-elle à annoncer d’une voix timide.
Il sembla surpris. Un sourire gêné apparut sur son visage, un sourire qu’elle avait toujours trouvé extrêmement séduisant, peut-être plus que son sourire franc.
-« Aussi à l’aise » ? répéta-t-il.
-Oui, confirma-t-elle d’un hochement de tête. Elle le désigna d’un geste vague :
-Tu savais que j’allais venir, et tu es encore à moitié nu. Tu es toujours… combien de fois t’ai-je vu ainsi ? Voir pire…
Son sourire gêné s’était mué en une expression de malice satisfaite, mais alors qu’elle parlait, elle ne s’en rendait pas compte.
-Je sais que nous nous connaissons depuis bientôt vingt ans, je sais que nous n’avons pas de secrets l’un pour l’autre… au début, cela ne me dérangeait pas, mais maintenant… c’est de plus en plus difficile à supporter, acheva-t-elle dans un marmonnement qu’elle espéra inaudible.
Chadi laissa retomber ses mains le long de son corps – sans être parvenu  à attacher un seul bouton de sa chemise, nota-t-elle – et posa une question très simple qui lui fit perdre pieds :
-Pourquoi ?
Pourquoi ? Il y avait des dizaines de raisons à ça. Il était l’homme le plus beau qu’elle connaissait. Il était aussi le plus sexy. Il passait son temps à la prendre dans ses bras. Il était un ami, et elle n’était pas censée le voir comme un homme. Pourtant, au cours des derniers mois,  cela avait changé progressivement. Cela avait commencé par une simple pensée, puis s’était transformé en un déroulement de fantasmes de plus en plus torrides. Maintenant, elle le désirait, d’un désir intense et de plus en plus difficile à maitriser. En cet instant même, elle avait envie de se jeter sur lui.
Elle ne dit rien de tout ça. Au lieu de cela, elle balbutia quelques mots qui, cette fois-ci, furent réellement inaudibles. Chadi eut la gentillesse de ne pas lui demander de répéter. En revanche, il s’approcha d’elle, plaça ses bras de part et d’autre de ses jambes, sur la commode, portant son visage à hauteur du sien. Il dit avec une assurance qu’elle ne lui avait jamais vue, d’une voix terriblement sensuelle :
-Crois-tu réellement que ce soit involontaire ?
Elle se figea. Qu’est-ce que… ?
-Penses-tu réellement que je me sois si souvent retrouvé presque nu devant toi par hasard ? Crois-tu réellement que je ne me rende compte de rien ?
Il se pencha à son oreille pour y susurrer :
-Je sais quand tu me regardes. Je sais toujours quand tu me regardes. J’adore ça. J’adore voir cette étincelle de désir dans ton regard. Et… oui, Kenza, j’attendais ce moment avec impatience.
Il recula légèrement, penchant la tête pour la regarder, les lèvres à quelques centimètres à peine des siennes :
-J’attendais que tu te décides à venir vers moi. Je commençais à désespérer. 
Il recula d’un pas. Elle était sous le choc et resta bouche bée, le regard fixe. Lorsqu’elle parvint à reprendre la parole, elle réalisa qu’elle regardait avec intensité les pectoraux parfaits de Chadi.
-Je crois que… je vais m’en aller.
Elle se laissa glisser au sol, et marcha d’un pas hésitant vers l’entrée.
Chadi la rattrapa par la main pour la faire pivoter vers lui.
-Laisse-moi te donner un aperçu de ce que tu rates en t’en allant comme ça.
D’un geste précis, comme s’il avait fait ça des centaines de fois – et elle savait que c’était le cas – il l’attira à elle, la plaquant contre lui, si serrée qu’elle pouvait sentir contre son buste la découpe de chacun de ses muscles, ainsi que leurs mouvements lorsqu’il plaça sa main gauche dans le creux de son dos, et leva la main droite tout contre sa joue pour la forcer à lever les yeux vers lui. Sans lui laisser le temps de protester – le voulait-elle seulement ? – il plaqua ses lèvres contre les siennes. Elle n’était qu’à moitié surprise, aussi ne perdit-elle pas de temps avant de lui ouvrir ses lèvres, laissant le passage à cette langue qu’elle savait experte sans jamais avoir pu y goûter. Elle ne fut pas déçue : c’était presque à la hauteur de ses fantasmes. Elle s’abandonna totalement à ce baiser, incapable de s’empêcher d’y répondre. D’ailleurs, elle n’avait aucune envie de lui résister. Bien au contraire, elle posa ses mains sur les hanches de Chadi, sous sa chemise, à peine capable de s’empêcher de l’étreindre avec autant de force que ce qu’il l’embrassait.
Lorsque leurs souffles se séparèrent, elle remarqua l’expression d’attente de son ami. Malheureusement, malgré ce qu’il venait de faire, elle se trouva incapable d’y répondre. Aussi, tout ce qui s’échappa de ses lèvres fut un lamentable :
-Tu vas être en retard à ta réunion.
Il ne parut pas surpris de sa ridicule réplique. Il se contenta de hocher la tête, de se détourner, de s’habiller rapidement – plus rapidement qu’il l’avait fait devant elle depuis de longs mois – et de se diriger vers la sortie. Toutefois, avant de partir, il la saisit par la taille et lui murmura, les yeux fixés sur ses lèvres :
-Ca ne devrait pas durer très longtemps. Quand je reviendrais, Kenza… j’aimerais que tu sois là.
-Je ne peux pas te le promettre.
Pourtant, au fond d’elle, elle savait qu’elle ne partirait pas.
Et cela n’y manqua pas. Elle erra sans but dans la maison tout l’après-midi, se prépara à partir une bonne dizaine de fois avant de se raviser, sortit sur le perron deux fois avant de faire demi-tour, avant de se calmer et de s’asseoir sur le canapé, les bras croisés, réfléchissant à ce qu’il lui avait dit. Il le faisait exprès ? Etait-elle si facile à manipuler ? Visiblement oui, puisqu’elle avait fini par réagir exactement comme il l’avait prévu.
Elle poussa un cri de frustration. Pourquoi avait-elle attendu si longtemps avant de lui parler s’il avait voulu en arriver là ? Pourquoi avait-elle passé tous ces mois à se persuader qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait et que ce qu’elle ressentait n’était que le résultat de propre période de célibat -  longue, beaucoup trop longue ?
Aussi rapidement qu’un battement de cils, le soleil commença à s’abaisser à l’horizon, et elle n’était pas encore certaine d’avoir pris sa décision.
Pourtant, lorsqu’elle entendit la voiture de Chadi s’arrêter devant la maison, elle n’eut aucune hésitation.
Elle alla fouiller dans son sac avant d’aller se poster devant la porte d’entrée.
Il la remarqua immédiatement, et le sourire qui éclaira son visage, creusant ses adorables fossettes, fit battre le cœur de Kenza plus fort que ce qu’elle n’aurait cru possible.
Il la rejoignit immédiatement, posa les mains sur ses hanches et, comme un test, s’avança pour l’embrasser. Elle détourna le visage, le contraignant à n’atteindre que sa joue. Bien qu’elle ne le vît plus elle devina son embarras ;
-Tu m’as manipulée, accusa-t-elle.
Il eut le tact d’être gêné :
-C’était le seul moyen que j’avais pour te pousser à oublier notre amitié.
-Je ne l’oublie pas.
Il déposa un baiser léger sur sa nuque.
-Tu devrais, murmura-t-il tout contre sa peau.
-Nous sommes amis depuis vingt ans. Tu ne peux pas jeter ça aux orties en un seul baiser.
Il soupira :
-Tu as peut-être raison, abdiqua-t-il contre toute attente.
Il la lâcha, passa devant elle pour rejoindre le salon, la tête basse, retirant déjà sa veste désormais froissée.
Elle parvint pourtant à le rattraper d’une parole inachevée :
-Un baiser est largement insuffisant, oui, mais…
Elle leva l’objet qu’elle avait tiré de son sac et le coinça entre ses dents. Cette fois-ci, ce fut elle qui le surpris en se mettant à genoux devant lui. Saisissant sa braguette, elle l’ouvrit d’un geste sûr, saisit les hanches de son pantalon pour le faire glisser jusqu’à ses pieds. Sans la moindre hésitation, il fit suivre le même chemin à son boxer.
Il était peut-être surpris, mais son corps réagissait déjà. Tirant sur le petit carré brillant, elle ouvrit l’emballage avec ses dents et en sortit le préservatif. Le plaçant avec dextérité dans sa bouche, elle le déroula des lèvres sur le sexe de plus en plus dressé de Chadi.
Cette fois-ci, leur amitié était réellement brisée.

 

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